Charles de Remusat Abelard, Tome I 

[ Pobierz całość w formacie PDF ]

et leur loi. Ils ne demandaient ni à leur sol ni à leur ciel ces productions spontanées que le temps seul sème à
pleines mains dans les terres fécondes. Ils attendaient tout de ceux de qui tout leur était venu. Or, que leur
LIVRE II. DE LA PHILOSOPHIE D'ABÉLARD. 133
Abelard, Tome I
venait-il désormais de ces peuples jadis leurs vainqueurs, et qui, contraints de céder l'espace et le pouvoir à de
nouveaux et barbares conquérants, étaient restés les maîtres spirituels des premiers vaincus? Que leur
venait-il de ces régions où se levait encore pour eux le soleil de l'intelligence? rien d'abord que la grande voix
de la religion, qui était elle-même ou qui voulait être quelque chose de définitif et d'immuable, rien que les
derniers échos de la parole grecque qui s'était tue, mais qui retentissait encore. Les écrits des hommes qui ont
tracé leurs noms aux dernières pages des fastes de la littérature ancienne, ne sont que des compilations plus ou
moins méthodiques, des expositions quelquefois raisonnées de systèmes antérieurs, des traductions d'idées
enfin, quand ce ne sont pas de simples versions de textes. Ceux donc qui devenaient leurs disciples, ceux qui
dans le nord de l'Europe s'adonnaient, entre le VIIe et le XIe Siècle, aux choses de l'esprit, se faisaient pour la
plupart de purs érudits, c'est-à-dire des penseurs sans liberté, instruits par des écrivains sans originalité. C'est
par le milieu des commentateurs, c'est à travers un nuage que parvenaient jusque dans les Gaules les rayons
affaiblis des brillantes constellations qui avaient surgi derrière la colline de l'Acropolis, et doré de leur éclat le
faîte blanchissant du temple de Thésée. Porphyre, saint Augustin, Martianus Capella, Cassiodore, et surtout
Boèce, étaient les médiateurs nécessaires et respectés qui transmettaient les idées de Platon et d'Aristote aux
Bède, aux Alcuin, même aux Jean Scot et aux Raban Maur, qui s'efforcèrent les premiers de repasser de
l'érudition à la philosophie. On sait avec assez d'exactitude quelle était la bibliothèque philosophique de ces
hommes qui puisaient cependant presque toutes leurs idées à la source du passé. Les originaux leur étaient en
général inconnus. Le Timée de Platon et la Logique d'Aristote, traduits en latin, sont les plus avérés des
monuments des grands siècles qu'ils eussent entre les mains[376]. Le platonisme qui n'est pas dans le Timée,
l'aristotélisme qui n'est pas dans l'Organon, ne leur étaient connus que confusément, par fragment, par
allusion, par citation dans les paraphrases et les expositions incomplètes des commentateurs sans génie des
derniers temps. Il n'est pas étrange que parmi ces débris, l'Organon ou plutôt la doctrine qui y est contenue et
qui forme à elle seule un système achevé, un travail défini et démonstratif, ait fait dominer partout la science
et l'esprit de la logique. La logique effaça peu à peu le reste de la littérature[377]. Elle avait d'ailleurs exercé
déjà une influence marquée sur les deux vrais maîtres des écoles du moyen âge, Porphyre et Boèce. Ils
s'étaient appliqués, l'un à ouvrir au disciple les portes de la logique, l'autre à conduire à travers ses détours le
disciple initié. L'un avait composé une introduction; l'autre des versions et des commentaires. Là-dessus, il est
tout simple que les savants du moyen âge aient pensé qu'il ne restait à la science que des gloses à faire. Le mot
même fut consacré. Presque tous les philosophes scolastiques furent éminemment des glossateurs[378], et l'on
annota les commentateurs d'Aristote, avant de l'interpréter lui-même et de le connaître tout entier. C'est sans
aucun doute un heureux hasard advenu à un court écrit de Porphyre et à quatre ou cinq de Boèce qui fut la
première cause de la grande fortune d'Aristote. La puissance saisissante de la logique fut la seconde. D'ailleurs
toute logique est essentiellement élémentaire, et semble, comme la grammaire, révéler la raison; elle convient
donc à des études commençantes.
[Note 376: Encore Abélard n'avait-il dans les mains que les deux premiers des six traités qui composent la
Logique d'Aristote ou l'Organon. (Voyez sa Dialectique, p. 228.) Que dans les quarante premières années du
XIIe siècle, il circulât communément en Gaule et en Angleterre d'autres livres philosophiques que ces deux
fragments de l'oeuvre d'Aristote et de Platon, l'Isagogue de Porphyre, plusieurs des traités aristotéliques de
Boèce et deux traités indûment attribués à saint Augustin, c'est ce que personne n'a réussi à prouver. Voyez
l'excellent ouvrage de M. Jourdain sur les traductions latines d'Aristote au moyen âge. Cf. Brucker, Hist. crit. [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • spiewajaco.keep.pl
  • © 2009 Nie chcÄ™ już wiÄ™cej kochać, cierpieć, czekać ani wierzyć w rzeczy, których nie potwierdza życie. - Ceske - Sjezdovky .cz. Design downloaded from free website templates