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Toutes les objections imaginables, il les avait faites !& Il s'était
retranché derrière cette injonction si formelle de ne point aller au
château qui avait été distinctement entendue.
« Cette menace ne concerne que moi, s'était borné à lui
répondre Nic Deck.
Et s'il t'arrivait malheur, forestier, avait répondu le docteur
Patak, est-ce que je m'en tirerais sans dommage ?
Dommage ou non, vous avez promis de venir avec moi au
château, et vous y viendrez, puisque j'y vais ! »
Comprenant que rien ne l'empêcherait de tenir sa promesse,
les gens de Werst avaient donné raison au forestier sur ce point.
Mieux valait que Nie Deck ne se hasardât pas seul en cette
aventure. Aussi le très dépité docteur, sentant qu'il ne pouvait
plus reculer, que c'eût été compromettre sa situation dans le
village, qu'il se serait fait honnir après ses forfanteries
accoutumées, se résigna, l'âme pleine d'épouvante. Il était bien
décidé d'ailleurs à profiter du moindre obstacle de route qui se
présenterait pour obliger son compagnon à revenir sur ses pas.
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Nic Deck et le docteur Patak partirent donc, et maître Koltz,
le magister Hermod, Frik, Jonas, leur firent la conduite jusqu'au
tournant de la grande route, où ils s'arrêtèrent.
De cet endroit, maître Koltz braqua une dernière fois sa
lunette elle tic le quittait plus dans la direction du burg.
Aucune fumée ne se montrait à la cheminée du donjon, et il eût
été facile de l'apercevoir sur un horizon très pur, par une belle
matinée de printemps. Devait-on en conclure que les hôtes
naturels ou surnaturels du château avaient déguerpi, en voyant
que le forestier ne tenait pas compte de leurs menaces ?
Quelques-uns le pensèrent, et c'était là une raison décisive pour
mener l'affaire jusqu'à complète satisfaction.
On se serra la main, et Nic Deck, entraînant le docteur,
disparut à l'angle du col.
Le jeune forestier était en tenue de tournée, casquette
galonnée à large visière, veste à ceinturon avec le coutelas
engainé, culotte bouffante, bottes ferrées, cartouchière aux reins,
le long fusil sur l'épaule. il avait la réputation justifiée d'être un
très habile tireur, et, comme, à défaut de revenants, on pouvait
rencontrer de ces odeurs qui battent les frontières, ou, à défaut de
rôdeurs, quelque ours mal intentionné, il n'était que prudent
d'être en mesure de se défendre.
Quant au docteur, il avait cru devoir s'armer d'un vieux
pistolet à pierre, qui ratait trois coups sur cinq. Il portait aussi
une hachette que son compagnon lui avait remise pour le cas
probable où il serait nécessaire de se frayer passage à travers les
épais taillis du Plesa. Coiffé du large chapeau des campagnarde,
boutonné sous son épaisse cape de voyage, il était chaussé de
bottes à grosse ferrure, et ce n'est pas toutefois ce lourd attirail
qui l'empêcherait de décamper, si l'occasion s'en présentait.
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Nic Deck et lui s'étaient également munis de quelques
provisions contenues dans leur bissac, afin de pouvoir au besoin
prolonger l'exploration.
Après avoir dépassé le tournant de la route, Nic Deck et le
docteur Patak marchèrent plusieurs centaines de pas le long du
Nyad, en remontant sa rive droite. De suivre le chemin qui circule
à travers les ravins du massif, cela les eût trop écartés vers l'ouest.
Il eût été plus avantageux de pouvoir continuer à côtoyer le lit du
torrent, ce qui eût réduit la distance d'un tiers, car le Nyad prend
sa source entre les replis du plateau d'Orgall. Mais, d'abord
praticable, la berge, profondément ravinée et barrée de hautes
roches, n'aurait plus livré passage, mérite à des piétons. Il y avait
dès l'ors nécessité de couper obliquement vers la gauche, quitte à
revenir sur le château, lorsqu'ils auraient franchi la zone
inférieure des forêts du Plesa.
C'était, d'ailleurs, le seul côté par lequel le burg fût abordable.
Au temps où il était habité par le comte Rodolphe de Gortz, la
communication entre le village de Werst, le col de Vulkan et la
vallée de la Sil valaque se faisait par une étroite percée qui avait
été ouverte en suivant cette direction. Mais, livrée depuis vingt
ans aux envahissements de la végétation, obstruée par
l'inextricable fouillis des broussailles, c'est en vain qu'on y eût
cherché la trace d'une sente ou d'une tortillère.
Au moment d'abandonner le lit profondément encaissé du
Nyad, que remplissait une eau mugissante, Nic Deck s'arrêta afin
de s'orienter. Le château n'était déjà plus visible. Il ne le
redeviendrait qu'au-delà du rideau des forêts qui s'étageaient sur
les basses petites de la montagne, disposition commune à tout
le système orographique des Carpathes. L'orientation devait donc
être difficile à déterminer, faute de repères. On ne pouvait
l'établir que par la position du soleil, dont les rayons affleuraient
alors les lointaines crêtes vers le sud-est.
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« Tu le vois, forestier, dit le docteur, tu le vois !& il n'y a pas
même de chemin& ou plutôt, il n'y en a plus !
Il y en aura, répondit Nic Deck.
C'est facile à dire, Nic&
Et facile à faire, Patak.
Ainsi, tu es toujours décidé ?& »
Le forestier se contenta de répondre par un signe affirmatif'
et prit route à travers lés arbres.
A ce moment, le docteur éprouva une fière envie de
rebrousser chemin ; mais son compagnon, qui venait de se
retourner, lui jeta un regard si résolu que le poltron ne jugea pas à
propos de rester en arrière.
Le docteur Patak avait encore un dernier espoir c'est que Nic
Deck rie tarderait pas à s'égarer au milieu du labyrinthe de ces
bois, où son service ne l'avait jamais amené. Mais il comptait sans
ce flair merveilleux, cet instinct professionnel, cette aptitude
« animale » pour ainsi dire, qui permet de se guider sur les
moindres indices, projection des branches en telle ou telle
direction, dénivellation du sol, teinte des écorces, nuance variée
des mousses selon qu'elles sont exposées aux vents du sud ou du
nord. Nie Deck était trop habile en son métier, il l'exerçait avec
une sagacité trop supérieure, pour se jamais perdre, même en des
localités inconnues de lui. Il eût été le digne rival d'un Bas-de-
Cuir ou d'un Chingachgook au pays de Cooper.
Et, pourtant, la traversée de cette zone d'arbres allait offrir de
réelles difficultés. Des ormes, des hêtres, quelques-uns de ces
érables qu'on nomme « faux platanes », de superbes chênes, en
occupaient les premiers plans jusqu'à l'étage des bouleaux, des
pins et des sapins, massés sur les croupes supérieures à la gauche
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du col. Magnifiques, ces arbres, avec leurs troncs puissants, leurs
branches chaudes de sève nouvelle, leur feuillage épais,
s'entremêlant de l'un à l'autre pour former une cime de verdure
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